Les éclipses sont des phénomènes féeriques que vous voudrez certainement inclure dans vos souvenirs. Si l’observation des éclipses lunaires ne requiert rien de spécial, celle des éclipses solaires nécessite de protéger adéquatement vos yeux ainsi que vos instruments.
NE REGARDEZ JAMAIS LE SOLEIL SANS PROTECTION ADÉQUATE ! Des dommages permanents pourraient survenir à vos yeux ou à votre équipement. Assurez-vous donc d’utiliser des lunettes spéciales pour l’observation du Soleil ainsi qu’un filtre approprié pour votre instrument d’observation.
Bien que le disque solaire, lors d’une éclipse de Soleil, soit en partie caché par celui de la Lune, il n’en demeure pas moins que ce qui reste visible a encore toute la brillance du Soleil et que nous continuons d’en recevoir tout le rayonnement. Il n’existe donc pas de moment, même lorsque le disque solaire est presque complètement couvert par la Lune, qui soit sécuritaire pour observer une éclipse solaire à l’œil nu ou sans protection sur un instrument de prise de vue, sauf lors de la totalité (s’il y en a une !).
Il existe sur le marché des lunettes spéciales permettant d’observer le Soleil à l’œil nu. Elles ne sont pas dispendieuses, et la plupart sont de bonne qualité, mais je recommande toutefois de les acquérir de sources réputées comme une boutique d’articles d’astronomie ou un autre organisme d’astronomie ou de science. Elles sont habituellement faites de carton glacé ou plastifié, mais parfois de plastique, et les « trous » pour les yeux sont occupés par une pellicule de Mylar aluminisé ou par un polymère noir — l’un comme l’autre filtrent environ 99,997 % de la lumière solaire, coupant virtuellement tous les infrarouges et les ultraviolets qui peuvent endommager les yeux. Les filtres pour instruments d’optique sont faits des mêmes matériaux, mais laissent généralement passer encore moins de lumière, pour compenser pour la plus grande surface optique des instruments par rapport à l’œil. Les filtres en Mylar donnent une teinte légèrement bleutée au disque solaire, tandis que ceux en polymère noir le colorent légèrement en jaune ou orangé. (En réalité, le Soleil est blanc et l’a toujours été [à l’échelle de temps humaine] ; la croyance populaire voulant qu’il soit jaune ou orangé est due au fait que les rares fois où on peut le regarder à l’œil nu sans être trop ébloui est quand il est bas sur l’horizon, alors que l’atmosphère terrestre en absorbe presque toute la lumière bleue, et qu’il ne reste que le jaune, voire l’orangé.)
Comme pour les éclipses lunaires (voir ci-dessous), l’emploi d’un appareil photographique ou d’un téléphone pour garder un souvenir en image demandera idéalement d’utiliser un instrument d’optique pour grossir l’image, ne serait-ce que le zoom optique de l’appareil, faute de quoi l’image sera trop petite pour être utilisable. N’oubliez pas de protéger votre instrument comme vous protégeriez vos yeux ! J’ai déjà vu des oculaires de télescope partiellement fondus à cause d’un mauvais suivi ou pointage du Soleil, dont les rayons concentrés ont surchauffé l’équipement au point de l’endommager. J’ai même entendu parler d’un télescope qui a complètement brûlé suite à un tel incident !
Ce qui est intéressant avec une éclipe solaire, surtout lorsqu’elle est très prononcée, annulaire, ou surtout totale, est d’observer l’environnement alors que le Soleil est fortement masqué par le disque lunaire. Par exemple, plusieurs oiseaux peuvent retourner au nid, pensant la soirée ou la nuit venue. Les coqs arrêtent de chanter pendant une totalité. D’autres animaux aussi peuvent agir comme ils le feraient en soirée — rentrer ou se coucher pour les animaux diurnes, ou sortir pour les nocturnes.
Les dernières dizaines de secondes avant la totalité — et les premières après qu’elle soit terminée — permettent aussi d’observer un phénomène qui ne se produit qu’à cette occasion, soit les bandes d’ombre mobiles, causées par la réfraction des rayons solaires par l’atmosphère terrestre. Il est suggéré d’étendre un drap blanc au sol, et les bandes d’ombre apparaîtront d’abord faiblement, puis de plus en plus fort jusqu’au début de la totalité.
L’atmosphère solaire se révèle aussi lors de la totalité. On peut alors observer, sans protection oculaire ou instrumentale, des protubérances ainsi que la couronne solaire, qui est environ un million de fois moins brillante que le disque solaire — environ la même brillance que la pleine lune — et qui ne peut donc être observée que pendant une éclipse solaire totale ou hybride annulaire–totale. Ce sont les protubérances et la couronne solaire qui baignent l’environnement terrestre, dans les régions où l’ombre de la Lune touche le sol, d’une lueur crépusculaire… mais qui peut se produire à midi, selon la géométrie orbitale Terre–Lune–Soleil.
Comme mentionné dans le premier paragraphe, l’observation des éclipses lunaires ne requiert aucun instrument spécialisé — vos yeux suffisent pour apprécier le spectacle. Puisque la pleine lune n’est pas suffisamment brillante pour endommager la rétine de l’œil humain, aucune protection n’est requise — surtout qu’une éclipse lunaire consiste en la « disparition » d’une partie ou de la totalité du disque lunaire !
Du côté de la capture d’images, la tâche se complique un brin, à cause de l’éclat de la Lune, qui va d’abord en diminuant pendant la première partie de l’éclipse, puis en augmentant pour revenir à son niveau normal. Heureusement, l’ère de la photo numérique est arrivée depuis longtemps, et le besoin de calculer le temps d’exposition en fonction de la sensibilité de la pellicule photographique utilisée ne se présente plus, d’autant plus que la plupart des appareils ont des posemètres intégrés qui décident du temps d’exposition pour nous. Toujours est-il que la capture d’images en mode manuel est privilégiée à celle faite en utilisant les réglages automatiques de l’appareil, puisque le posemètre aura tendance à sous-évaluer ou à surévaluer le temps de pose requis, donnant des images trop sombres ou trop claires. Les appareils numériques se démarquent ici de leurs ancêtres argentiques grâce à la possibilité de prendre plusieurs images de temps de pose différent, de les visualiser en temps réel, et de supprimer les mauvaises de l’appareil, pour continuer la prise de vue avec les réglages appropriés. Fini le gaspillage de poses sur un rouleau de film et le gaspillage d’argent pour faire développer un film dont seulement deux ou trois images sont bonnes sur 24 ou même 36, sans compter les appareils demi-cadre qui fournissaient 48 ou 72 images…
En fait, la complication réside dans la taille de l’image du disque lunaire. Quiconque a déjà tenté de prendre une photo de la Lune avec un téléphone portable avant l’arrivée du zoom optique dans ceux-ci sait que l’image résultante peut être plutôt… petite ! Si vous devez absolument utiliser votre téléphone pour prendre des images de la Lune, éclipsée ou non, assurez-vous autant que possible d’utiliser la fonction de zoom optique plutôt que numérique, puisque ce dernier ne fait qu’agrandir les pixels et ne permet pas de gain réel en qualité de l’image.
L’idéal demeure toutefois de prendre des images à travers une lunette astronomique ou un télescope, ou au moins à travers un téléobjectif. Il existe de très nombreuses techniques pour adapter un téléphone ou un appareil photo aux instruments d’astronomie, et je ne les passerai pas ici en revue. L’idéal est de se pratiquer, dans les jours ou semaines avant l’éclipse lunaire, en prenant des images de la Lune, peu importe sa phase, afin de s’assurer du temps de pose à utiliser, de la compatibilité des appareils, de la taille du disque lunaire dans l’image résultante, etc.