Publié le 2021‑02‑20 à 18 h 00 TU par Pierre Paquette
En août 2008, des astronomes ont annoncé la découverte d’un second satellite autour de la planète mineure 87 Sylvia, ce qui en faisait le premier système de planète mineure triple . Peu après la découverte, les deux lunes de Sylvia ont été appelées Remus et Romulus, les noms de ses enfants jumeaux . La liste s’est maintenant allongée à au moins seize planètes mineures triples incluant les planètes naines Pluton et Haumea . EcliptiQc a décidé de jeter un œil sur ces planètes mineures spéciales afin de voir si certaines ont quoi que ce soit de… euh… plus spécial. Explorons-les donc une à une.
Tableau 1. Planètes mineures avec deux satellites | |||
---|---|---|---|
45 Eugenia Astéroïde de la ceinture principale |
130 Elektra Astéroïde de la ceinture principale |
3749 Balam Astéroïde de la ceinture principale |
134340 Pluto Planète naine, objet transneptunien, plutino |
87 Sylvia Astéroïde de la ceinture principale externe |
216 Kleopatra Astéroïde de la ceinture principale |
4666 Dietz Astéroïde de la ceinture principale |
136108 Haumea Planète naine, objet transneptunien, famille d’Haumea |
93 Minerva Astéroïde de la ceinture principale |
2577 Litva Astéroïde aréocroiseur, famille Hungaria |
6186 Zenon Astéroïde de la ceinture principale |
(136617) 1994 CC Astéroïde géocroiseur, famille d’Apollo (astéroïde potentiellement dangereux) |
107 Camilla Astéroïde de la ceinture principale externe |
3122 Florence Astéroïde géocroiseur, famille d’Amor (astéroïde potentiellement dangereux) |
47171 Lempo Objet transneptunien, plutino |
(153591) 2001 SN₂₆₃ Astéroïde géocroiseur, famille d’Amor |
Cliquer sur un nom vous amènera à la section le concernant. |
Note : En plus de ces systèmes, les planètes mineures suivantes pourraient être triples : 1830 Pogson, 2006 Polonskaya, 8306 Shoko, 16635 1993 QO , et 2002 CE₂₆ .
Une planète mineure est un corps orbitant le Soleil et qui n’est ni une planète ni définitivement catégorisé comme étant une comète.
Un astéroïde est une planète mineure du système solaire interne — jusqu’à l’orbite de Jupiter inclusivement, comprenant donc les objets coorbitaux de la planète géante. Cela inclut, sans s’y limiter, la « ceinture principale » entre les orbites de Mars et de Jupiter. Parmi ceux-ci, les aréocroiseurs s’aventurent, au moins parfois, plus proche du Soleil que l’orbite de Mars, et les géocroiseurs croisent quant à eux l’orbite terrestre.
Les objets coorbitaux de Jupiter incluent les « grecs » et les « troyens » et orbitent à 60° devant et derrière Jupiter, respectivement ; on estime qu’il y en aurait plus que d’astéroïdes de la ceinture principale.
Les centaures évoluent entre Jupiter et Neptune. On connaît une trentaine de troyens neptuniens, mais il pourrait y en avoir encore plus que de coorbitaux de Jupiter. Enfin, les objets transneptuniens sont au moins aussi distants que cette planète du Soleil ; cette catégorie inclut, sans s’y limiter, les objets de la ceinture de Kuiper dont la limite externe se trouve à environ 55 ua du Soleil.
Dans les animations orbitales suivantes, tous les corps sont représentés à l’échelle relative — ce qui implique qu’ils peuvent ou non être assez gros pour être visibles — et de telle manière que le corps principal de chaque système a une tailel d’envirn pixels. Les seules exceptions sont le système de 136108 Haumea, qui est représenté au tiers de l’échelle des autres systèmes, et ceux de 47171 Lempo et de 134340 Pluton qui sont représentés réduits d’un facteur de 2,5 et 2,25, respectivement, afin de les faire entrer dans leur cadre.
Toutes les trajectoires sont montrées comme centrées sur le corps principal, ce qui, en pratique, est presque toujours le cas, les corps secondaires étant suffisamment peu massifs pour déplacer notablement le barycentre du système. Une exception notable est la paire Pluton–Charon, dont le barycentre de l’orbite de Charon est en fait en dehors de Pluton, ce qui signifie donc que Pluton lui-même est en orbite autour de ce point, mais j’ai choisi de garder Pluton fixe et de montrer la trajectoire de Charon par rapport à lui plutôt que par rapport au barycentre.
Veuillez noter que d’afficher ce document sur un plus grand écran augmente la résolution, puisque les animations sont redimensionnées à une taille maximale de 33 % de la largeur ou 66 % de la hauteur de votre écran, selon laquelle des deux valeurs est la plus faible. En général, les éléments orbitaux des satellites proviennent de la page Asteroids with Satellites . Le temps est aussi grandement accéléré, mais uniforme pour toutes les animations, à environ une heure de temps réel par seconde de simulation — le rythme exact dépend de votre appareil.
Un astéroïde de taille somme toute respectable (les estimés vont de 232 × 193 × 161 km à 305 × 220 × 145 km) découvert en 1857, 45 Eugenia fut « l’un des premiers astéroïdes autour desquels on a découvert une lune. C’est aussi le deuxième astéroïde triple connu, après 87 Sylvia » . Il a été nommé en l’honneur d’Eugénie de Montijo [1826–1920], l’épouse de Napoléon III, ce qui en fait « le premier astéroïde définitivement nommé d’après une personne réelle » .
Son premier satellite, officiellement désigné (45) Eugenia I Petit-Prince, fut le premier satellite d’une planète mineure à être découvert au télescope — Dactyl, satellite de 243 Ida, était le seul satellite de planète mineure connue jusque là, et il avait été découvert par la sonde automatique Galileo. Son nom rend ommage autant à Louis-Napoléon [1856–1879] qu’à la nouvelle pour enfants Le petit prince d’Antoine de Saint-Exupéry. Il a été découvert en novembre 1998 par une « grande collaboration » d’astronomes (Merline et collaborateurs) au Télescope Canada-France-Hawaï sur le Mauna Kea, Hawaii, et mesure environ 13 km de diamètre.
Le deuxième satellite (désignation provisoire S/2004 (45) 1), mesure environ 6 km de diamètre et a été découvert en février 2004 avec le Very Large Telescope (Très grand télescope) à Cerro Paranal, au Chili.
Retour à la liste
J’ai brièvement parlé de lui en introduction. Son nom vient de la mère (Rhea Silvia) des jumeaux Rémus et Romulus, fondateurs légendaires de la ville de Rome, en Italie.
Selon Wikipedia (anglais), « [l]es plans orbitaux des deux satellites et le plan équatorial de l’astéroïde principal sont bien alignés ; tous sont à moins de 1° l’un de l’autre, suggérant la formation des satellites dans le plan équatorial du corps primaire ou près de celui-ci »
Je note que les périodes sont presque en résonnance 8:3, et j’estime que ce trio mériterait d’être étudié de plus près.
Retour à la liste
Cette planète mineure a été découverte en 1867 et nommée d’après l’équivalent romain de la déesse grecque Athéna. Minerva « est la déesse romaine de la sagesse et de la stratégie guerrière, de la justice, de la loi, de la victoire, et la patronne des arts, du commerce, et de la stratégie » .
Ses deux satellites sont Aegis (ou Ægis ?) et Gorgoneion, deux attributs de la déesse dans les cultures grecque et romaine. Ils ont été découverts à l’observatoire W.M. Keck à Hawaï, en 2009. Tandis que Minerva a un diamètre d’environ 150 km, ses satellites sont bien plus petits, à environ 4 et 3 km.
Ces deux satellites sont sur des orbites fortement inclinées — essentiellement perpendiculaires — par rapport au plan équatorial J2000. Cela est conforme avec l’axe de rotation de Minerva, qui est aussi incliné d’un angle semblable (son pôle pointe vers λ = 21 ± 10°, β = 21 ± 10° dans le cadre écliptique) . Malgré cet angle prononcé, j’ai laissé l’animation par rapport à la verticale du plan équatorial, question d’uniformité.
Retour à la liste
L’information disponible sur Johnston Archive à propos de ce système est insuffisante. Un article plus récent (2018) a toutefois fourni plus d’informations . Ironiquement, un de ses coauteurs est à l’origine d’un autre article, écrit en 1987, « qui prédisait qu’il n’y avait pas de satellites autour d’astéroïdes parce que les collisions constantes empêcheraient ces satellites de demeurer en orbite » .
Considérant la masse du satellite externe (estimée à 1,12 × 1019 kg) et l’excentricité de l’interne, l’orbite de ce dernier est probablement affectée d’un fort mouvement de précession. Toutefois, je n’ai pas pu trouver de données à ce sujet. Ça vaudrait peut-être la peine de le calculer, question de l’ajouter à la simulation…
Retour à la liste
Je n’ai pas pu trouver les éléments orbitaux des satellites de cette planète mineure. Le premier a été détecté en 2003 et a la désignation provisoire S/2003 (130) 1. Il mesure environ 4 km de diamètre et orbite à environ 1 170 km d’Elektra. L’autre a une taille d’environ la moitié du premier et orbite à un tiers de la distance ; il a été découvert en décembre 2014 et porte donc la désignation provisoire S/2014 (130) 1. Elektra mesure 215 × 155 ± 12 km.
Retour à la liste
Taille et éléments orbitaux des satellites* | ||
---|---|---|
Alexhelios | ||
Diamètre | d | 678 km |
Demi-grand axe | a | 289 km |
Excentricité | e | 0 (?) |
Période | P | 2,32 jours |
Mouvement moyen | n | 155,1724°/d |
α du pôle de l’orbite | 74 ± 2° | |
δ du pôle de l’orbite | 16 ± 1° | |
Époque | 2454728,5 (2008,715947981) | |
Cleoselene | ||
Diamètre | d | 454 km |
Demi-grand axe | a | 20 km |
Excentricité | e | 0 (?) |
Période | P | 1,24 jours |
Mouvement moyen | n | 290,3226°/d |
α du pôle de l’orbite | 79 ± 2° | |
δ du pôle de l’orbite | 16 ± 1° | |
Époque | 2454728,5 (2008,715947981) |
Cette planète mineure a été découverte le 10 avril 1880 et nommé d’après la célèbre reine égyptienne. Elle n’appartient à aucune famille d’astéroïdes. Des observations radar ont révélé sa forme d’os de chien de 276 × 94 × 78 km. Elle reflète de 10 % à 20 % de la lumière reçue.
Encore ici, je n’ai pas pu trouver les éléments orbitaux des satellites de 216 Kleopatra. Une source mentionne toutefois les données du tableau ci-contre (n est dérivé de ces informations). Cela est cependant insuffisant pour créer un modèle, puisqu’on ignore la position des satellites le long de leur orbite à un mometn quelconque.
La découverte des deux lunes a été réalisée par une équipe dirigée par Franck Marchis et Pascal Descamps et annoncée en septembre 2008.
Retour à la liste
Découverte en 1975 par un astronome ukrainien, cette planète mineure porte le nom ukrainien de la Lituanie (Литва), un pays voisin — à l’origine, tous deux étaient des républiques membres de l’Union des républiques socialistes soviétiques.
Je n’ai presque rien trouvé sur ses lunes. Elles ont été découvertes en 2009 et 2012 et portent donc les désignations provisoires S/2009 (2577) 1 et S/2012 (2577) 1.
Retour à la liste
Cet astéroïde du groupe Amor (Amour), découvert le 2 mars 1981, est un géocroiseur potentiellement dangereux — le contraire de Florence Nightingale, fondatrice des soins infirmiers moderne, en l’honneur de qui il a été nommé.
Je n’ai pu trouver d’information sur ses satellites, outre qu’ils ont été découverts le 29 (ou, selon le JPL, les 30–31) août 2017 pendant des observations radar menées depuis Arecibo et Goldstone. La lune interne a la période orbitale la plus courte (0,3 j) de toute lune des quelques 60 géocroiseurs connus pour avoir un satellite. Ils mesurent environ 200 m (satellite interne) et 300 m (externe), tandis que Florence fait environ 4,4 km de diamètre.
Les lunes de Florence gravitent à environ 4,6 et 9,8 km du corps principal, en 0,3 j et 1,02 ± 0,1 d, respectivement.
Retour à la liste
Taille et éléments orbitaux des satellites* | ||
---|---|---|
S/2002 (3749) 1 | ||
Diamètre | d | 1,84 km |
Demi-grand axe | a | 289 km |
Excentricité | e | 0,9 |
Période | P | 61 jours |
Mouvement moyen | n | 5,9016°/d |
Époque | 2454728,5 (2008,715947981) | |
S/2007 (3749) 1 | ||
Diamètre | d | 1,66 km |
Demi-grand axe | a | 20 km |
Période | P | 1,391 jours |
Mouvement moyen | n | 258,8066°/d |
Époque | 2454728,5 (2008,715947981) |
Le corps primaire a été découvert le 24 janvier 1982 et nommé en l’honneur de l’astronome canadien David Balam, qui a découvert ou codécouvert plus de 600 planètes mineures — dont l’une fut nommée Tsawout en l’honneur d’une Première Nation de l’île de Vancouver, au Canada. Il forme une paire avec 312497 (2009 BR₆₀) en ceci qu’ils ont des orbites très similaires (voir tableau ci-dessous), et qu’ils faisaient probablement partie à l’origine d’un même astéroïde double.
Comparaison des éléments orbitaux de Balam et de 2009 BR₆₀ formant paire | ||
---|---|---|
Paramètre | Balam | 2009 BR₆₀ |
a | 2,237802375865213 au | 2,23752665653593 au |
e | 0,1089878757626575 | 0,108969679253321 |
i | 5,382059856664287° | 5,389474131903992° |
Ω | 295,6883575156554° | 296,3409350068008° |
ω | 174,1727672938047° | 173,2470711018107° |
M | 188,3503046057333° | 162,9699453483741° |
Tₚ | 2459583,504033032550 | 2458447,078823951383 |
P | 1222,731280761296 jours | 1222,505308887556 jours |
Époque: 2459000,5 · Source : JPL Small-Body Database Browser |
Je n’ai rien trouvé sur ses satellites, outre qu’ils ont été découverts le 8 février 2002 et le 15 juillet 2007.
Retour à la liste
Les deux satellites de cette planète mineure ont été découverts le 2 septembre 2015 par une équipe internationale. Bien que le premier ait été annoncé presque immédiatement (en octobre 2015), il a fallu attendre le 20 juin 2018 pour l’annonce officielle de la découverte du deuxième. Je n’ai rien trouvé de plus.
Retour à la liste
Je n’ai rien trouvé sur ces satellites, découverts le 1er janvier 2017 et annoncés deux semaines plus tard.
Extrait du Télégramme de l’UAI #4346 :
« [ . . . ] avec une période orbitale de 14,392 ± 0,004 h. Des événements mutuels d’éclipse/occultation d’une profondeur de magnitude de 0,08 à 0,16 indiquent un rapport du diamètre moyen du secondaire au primaire de 0,28 ± 0,03. Le secondaire éclipsant/occultant a une rotation synchrone avec une amplitude observée de sa courbe de lumière de 0,04 mag. Superposées sur la courbe de lumière de l’éclipse/occultation, on trouve deux courbes de lumière additionnelles avec des périodes de 2,6832 ± 0,0002 h et de 3,2981 ± 0,0002 h, chacune avec une amplitude de 0,08 mag ; leur comportement dans les événements mutuels — elles sont présentes avec une forme inchangée pendant les événements — indique qu’aucune d’entre elles n’appartient au [corps] secondaire éclipsant/occultant. Ceci indique que, bien que la courte période appartienne au primaire, l’autre appartient à un troisième corps dans le système (comparer avec d’autres cas du même type dans Pravec et autres 2016, Icarus 267, 267).
Retour à la liste
Lempo était le dieu finnois de l’amour et de la fertilité avant l’arrivée du christianisme en Finlande au 11e ou au 12e siècle ; depuis, on le voit comme un démon. Paha et Hiisi, les satellites de cette planète mineure, ont été découverts le 8 décembre 2001 et en octobre 2007, respectivement, et nommés le 5 octobre 2017 d’après deux démons cohortes de Lempo. Ensemble, ils ont vaincu le héros Väinämöinen, un vieux saque qui pourrait être à l’origine du Gandalf de J.R.R. Tolkien. À noter que tant « hiisi » que « lempo » sont considérés comme des jurons (légers) en finnois.
Ceci est un système triple en ce qui a trait à la taille respective de chaque corps (voir comparatif ci-dessous). Pour cette raison, la précession des apsides est très rapide ; environ 50 ans par révolution complète . Puisqu’il s’agit d’une précession des apsides plutôt que des nœuds, les effets sont à peine notables dans notre animation, même si on la laisse tourner longtemps.
Hiisi orbite si près de Lempo que le Télescope spatial Hubble, utilisé pour la découverte, n’a pas pu distinguer les deux corps l’un de l’autre.
Comme pour le couple Pluton/Charon, les orbites de ce systèmes sont autour d’un barycentre commun, qui se trouve entre Lempo et Hiisi, fort probablement hors des ceux‑ci.
Retour à la liste
Découvert en 1930 par Clyde Tombaugh, Pluton a d’abord été considéré comme ayant une masse semblable à celle de la Terre, mais la communauté astronomique a vite réalisé que tel n’était pas le cas. Ceci fut une surprise, puisque Pluton avait été découvert suivant ce qu’on croyait être des irrégularités dans le mouvement de Neptune — une planète qui avait elle-même été découverte par le calcul après qu’on ait noté qu’Uranus déviait de sa trajectoire prévue. De nouvelles observations de Neptune et une meilleure connaissance de la masse des planètes gazeuses géantes a permis aux astronomes de mieux dormir après la révision à la baisse de la masse de Pluton.
L’histoire n’était pas terminée, toutefois, pour ce qui était considéré la « neuvième planète », puisque la découverte de corps transneptuniens (TNO) de taille similaire à la fin des années 1990 et au début des années 2000 a amené les astronomes à se demander si ceux-ci devaient être considérés des « planètes », ou si Pluton devait se voir retirer le titre. En 2006, l’Union astronomique internationale, par un vote qui a soulevé la controverse parce que tous les délégués n’étaient pas présents, a décidé d’une nouvelle définition pour le terme « planète », et Pluton a plutôt rejoint la catégorie des « planètes naines » avec Ceres et Eris, le premier TNO découvert de taille semblable à celle de Pluton. Éventuellement, l’UAI a ajouté Haumea et Makemake à la liste des planètes naines. (De plus, Quaoar, Sedna, Orcus, et Gonggong sont probablement des planètes naines, ce dernier étant reconnu comme tel par le JPL et la NASA, bien que seule l’UAI ait le mandat de décider officiellement du sort de ces astres et d’autres.)
Un premier satellite a été découvert à Pluton en 1978 par James Christy, qui l’a nommé « Charon » en partie en l’honneur de son épouse Charlene, mais aussi pour le passeur des Enfers. Par conséquent, en français comme en anglais, le digraphe « ch » peut être prononcé « sh » (comme dans « cheval ») ou « k » (comme dans « chrome »).
Nix et Hydra ont été découverts en 2005, Kerberos en 2011, et Styx en 2012, tous dans le cadre de recherches menées en prévision de l’arrivée de la sonde étatsunienne New Horizons, lancée en 2006 et qui a visité le système plutonien en 2015. « Nix a été nommé d’après Nyx, la déesse grecque de l’obscurité et de la nuit et mère de Charon » . Hydra était un monstre mythologique à neuf têtes, ce qui fait référence au fait que Pluton a été considéré comme la « neuvième planète » pendant soixante-seize ans. Kerberos tient son nom de Cerbère, le chien de garde de Pluton dans les Enfers, tandis que Styx était une déesse de la rivière du même nom dans les Enfers ; les deux ont été nommés suite à un sondage sur internet lancé par Mark Showalter de l’Institut SETI Institute — les noms étaient les deuxième et troisième choix les plus populaires après Vulcain, moussé par un gazouillis de l’acteur canado-américain William Shatner (Star Trek), mais l’UAI a refusé Vulcain, parce qu’il ne s’agissait pas d’une divinité liée aux Enfers ou à la mort, et que le nom avait déjà été attribué à une planète hypothétique orbitant plus près du Soleil que Mercure ainsi qu’à une catégorie hypothétique de planètes mineures.
Styx, Nix, et Hydra sont en résonnance 18:22:33 en ce qui a trait à leurs orbites subissant une précession, tandis que Hydra et Nix sont en résonnance simple de 3:2. De plus, « Styx, Nix, Kerberos, et Hydra sont dans une séquence de quasirésonnances de 1:3:4:5:6 » avec Charon .
Pour ce système, j’ai exceptionnellement utilisé les éléments orbitaux fournis par l’interface web HORIZONS du JPL pour le 1er mars 2021 à 0 h TU, sauf pour le taux de précession des nœuds et des apsides, qui provient d’une autre page du JPL.
Pour plus d’information sur le système plutonien, voir aussi Brozović et autres 2014.
Retour à la liste
Sur l’île d’Hawaï, Haumea était la déesse-mère, de même que celle de la fertilité et de l’accouchement. Elle était la mère de Pele, de Kāne Milohai, de Kāmohoaliʻi, de Nāmaka, de Kapo, et de Hiʻiaka, parmi de nombreux autres.
Haumea est présentement le troisième plus grand objet transneptunien, après 136199 Eris et 134340 Pluton ; on estime sa masse au tiers de celle de Pluton. Sa forme est fort probablement ellipsoïde, avec un grand axe deux fois plus grand que le petit : 2 100 × 1 680 × 1 074 km. Un anneau d’un diamètre de 2 287 km a été découvert autour de lui, mais n’est pas présent dans notre modèle.
Ses deux satellites ont été découverts en 2005 : le 26 janvier pour Hiʻiaka, et le 30 juin pour Namaka. À noter que le caractère spécial dans le premier nom n’est pas une apostrophe, mais un ʻokina, qui est considéré comme une lettre à part entière de l’alphabet hawaïen, marquant un coup de glotte (un peu comme la pause entre « les hérissons »).
« Sur des échelles de temps plus longues que quelques semaines, une orbite képlérienne est insuffisante pour décrire le mouvement du satellite interne Namaka, moins brillant » .
L’orbite est très excentirque, et l’argument du périhélie dérive (précession) suivant un cycle d’environ 55 ans.
Retour à la liste
Le corps principal a été découvert par le projet Spacewatch, fondé en 1980 pour rechercher des astéroïdes potentiellement dangereux, dont celui-ci fait partie du groupe Apollo. Sa distance minimale d’intersection orbitale (DMIO) est de 0,0157 ua ou 6,1 distances lunairs – le maximum pour qu’un objet soit considéré comme « potentiellement dangereux » est 0,05 ua. L’astéroïde 1994 CC reflète un peu moins de 40 % de la lumière qu’il reçoit.
Les deux satellites (on utilise ici leurs noms informels, provenant de Brozović 2011) ont été découverts le 12 juin 2009, à partir d’observations radar d’Arecibo et de Goldstone, et annoncés la semaine suivante. Leurs orbites sont très inclinées, essentiellement perpendiculaires au cadre équatorial J2000.
Les éléments orbitaux utilisés ici proviennent de .
Un fait cocasse mais sans implication (trivia) est que, vus de la verticale du cadre équatorial J2000, le satellite externe ne passe jamais directement au-dessous ou au-dessous de la zone couverte par l’orbite du satellite interne, ce qui donne aux deux trajectoires un aspect d’œil lorsque compilées à long terme.
Retour à la liste
Voici un autre astéroïde géocroiseur, découvert par le project Lincoln Near-Earth Asteroid Research (LINEAR) le 20 septembre 2001 (avec des observations de prédécouverte remontant au 25 septembre 1990). Les deux lunes ont été découvertes le 12 février 2008 à partir d’observations radar faites à Arecibo, et annoncées le même jour. C’est un astéroïde géocroiseur de type carbonacé rare, de sous-classe C ou B. Sa DMIO est de 0,0520 ua ou 20,3 distances lunaires, ce qui le met tout juste en dehors de la catégories des astéroïdes potentiellement dangereux. Sa taille étant connue par les observations radar, on peut déduire qu’il réfléchit moins de 5 % de la lumière qui l’atteint.
Cet astéroïde triple est la cible de la mission ASTER planifiée par l’Agence spatiale brésilienne. D’abord prévue pour un lancement en 2015 et un rendez-vous en 2019, elle est présentement prévue pour un lancement en février 2021 et un rendez-vous en avril 2022. La sonde inclut une caméra à imagerie multispectrale avec bandes large et étroite, un altimètre laser pour détailler la surface et la texture de l’astéroïde, un spectromètre infrarouge et un spectromètre de masse pour déterminer la composition de surface, et un radar à ouverture de synthèse.
Les éléments orbitaux utilisés ici sont aussi de .
Retour à la liste
Les orbites des planètes et des satellites sont définies par un minimum de six paramètres, expliqués dans le tableau ci-dessous. Suite au tableau, on trouve un diagramme interactif.
Symbole | Paramètre | Définition |
---|---|---|
Époque | Le moment pour lequel les valeurs mentionnées ci-dessous sont données ou sont valides. | |
a | Demi-grand axe | La moitié de la dimension maximale de l’ellipse orbitale. |
e | Excentricité | Une mesure de l’« étirement » de l’ellipse orbitale. Elle est égale à $ \displaystyle e = \sqrt { 1 - \frac {b^2}{a^2} } $, où b est la moitié de la dimension minimale de l’ellipse orbitale (aussi appelée le demi-petit axe). |
i | Inclinaison | L’angle entre l’ellipse orbitale et le plan de référence. Dans ce document, le plan de référence est celui de l’équateur terrestre à l’époque J2000,0. D’autres plans de référence existent dans les documents d’æstronomie, dont le plan de l’écliptique, défini comme étant celui de l’orbite de la Terre autour du Soleil ; le plan invariable (habituellement, celui du système solaire, mais on peut aussi parler de celui d’une planète ou planète mineure et son ou ses satellites), défini comme passant par le barycentre du système et perpendiculaire à son vecteur de moment angulaire ; ou le plan équatorial du corps principal. |
Ω | Longitude du nœud ascendant | L’angle, mesuré le long du plan de référence, entre le point de référence (habituellement, l’équinoxe vernal ; symbole ♈︎) et le nœud ascendant. Le nœud ascendant est le point de l’orbite où celle-ci croise le plan de référence du « dessous » au « dessus » — habituellement, du sud au nord. Le symbole du nœud ascendant est ☊, à ne pas confondre avec Ω ; on notera la différence de forme des boucles du bas. |
ω | L’argument du périastre | L’angle, mesuré le long du plan orbital du corps, entre le nœud ascendant et le périastre. Le périastre (souvent appelé « périapse », bien que cette forme soit fautive du point de vue étymologique) est le point d’une orbite situé le plus près du corps principal. Dans le cas d’un astre orbitant autour du Soleil, c’est le périhélie ; autour de la Terre, c’est le périgée. Parfois, la longitude du périastre (symbole : ϖ ou π) est donnée. Elle est égale à Ω + ω, bien que ces deux angles soient mesurés sur des plans différents (pour des raisons historiques). On doit toutefois prendre soin de ne pas confondre ω, ϖ, et π — et encore que cette dernière lettre peut aussi représenter la constante mathématique π = 3,14159265… |
Et au moins un des paramètres suivants, qui peuvent être calculés l’un à partir de l’autre : | ||
Tₚ | Moment du passage au périastre | Le moment où le corps est au périastre. Ça peut être une date au calendrier avec une fraction ou les heures, ou un jour julien (voir Appendice II). |
P | Période orbitale | Le temps requis par le corps pour compléter une orbite. Cette unité peut dépendre du contexte : par exemple, mesurer la période orbitale d’une étoile autour du centre de sa galaxie en jours serait absurde. |
ν | Anomalie vraie | C’est l’angle, mesuré le long de l’orbite du corps, entre le périastre et la position du corps à l’époque de base. On le note parfois aussi θ ou f. |
M | Anomalie moyenne | La fraction de la période de rotation qui s’est écoulée depuis le dernier passage au périastre, exprimée comme un angle. Cet angle est aussi celui d’un « corps moyen » fictif qui se déplacerait à vitesse uniforme sur une orbite circulaire d’un rayon égal au demi-grand axe de l’orbite. |
n | Mouvement moyen | Le mouvement angulaire moyen du corps — aussi celui du corps moyen fictif utilisé pour calculer M. Il est égal à $ \displaystyle n = \frac{360°}{P} $. |
L | Longitude moyenne | La longitude à laquelle le corps serait situé si son orbite était circulaire et non perturbée. Cela ne correspond à aucun angle réel. Sa valeur est de $ \displaystyle L = Ω + ω + M $. |
Puisque les orbites sont sujettes aux perturbations gravitationnelles causées par les autres corps du système ou du système « parent » (pour les satellites planétaires, le système est celui de la planète et ses satellites, tandis que le système « parent » est le système solaire avec le Soleil, les autres planètes et leurs satellites, les planètes mineures, etc.), les cinq premiers éléments changent graduellement sur des périodes de temps plus ou moins longues (tandis que ν, M, et L changent sur des échelles de temps bien plus courtes). Le taux de changement de ces éléments est parfois donné ; par exemple, j’ai donné ΔΩ et Δω pour plusieurs des satellites de planètes mineures mentionnées dans le présent document. Ceux-ci sont parfois notés $ \displaystyle \dot{Ω} $ et $ \displaystyle \dot{ω} $. L’époque d’une orbite doit être connue afin de dériver la position précise du corps étudié.
Puisque les paramètres orbitaux dépendent intimement du moment et de leur taux d’évolution, je ne recommande pas d’utiliser les valeurs de base ou résultantes trouvées dans le présent document pour calculer les positions pour des causes pratiques comme l’observation céleste ou la navigation. Je recommande plutôt d’utiliser des éléments orbitaux précis et à jour, par exemple ceux de l’interface web HORIZONS du JPL.
Convertir les positions observées en éléments orbitaux est une procédure complexe, qui est détaillée en partie dans les notes de cours de Jeremy Tatum du temps où il enseignait à l’Université de Victoria, Canada. Là, il était « le fondateur en chef et la force motrice derrière le programme d’astrométrie des planètes mineures et des comètes de l’Observatoire Climenhaga [de l’Université de Victoria], qui était le seul de son genre au Canada. Pour l’honorer, un astéroïde porte maintenant son nom : (3748) Tatum (1981 JQ) — dont le numéro séquentiel est incidemment seulement une unité de moins que Balam de notre section sur les planète mineures triples, ci‑dessus.
Pour la suite, j’utilise la notion utilisée sur Wikipedia (anglais), pas celle trouvée sur le site web de M. Tatum ; le reste de la procédure est laissé tel quel.
Une partie de ce qui suit a été dérivé par l’auteur du présentdocument.
On peut décrire une ellipse de plusieurs manières. Une orbite se caractérise habituellement par son demi-grand axe a et son excentricité e ; on peut ensuite trouver son demi-petit axe b par la formule $ \displaystyle e = \sqrt{1 - \frac{b^2}{a^2}} $. Si l’ellipse n’est pas centrée à l’origine, et qu’elle est pivotée dans au moins une des trois dimensions (ce qui est habituellement le cas pour une orbite), on angle de rotation peut être appelé $ \theta $ et son centre défini comme étant aux coordonnées $ \displaystyle \left( x_0, y_0 \right) $, nous avons alors comme forme générale pour la formule de l’ellipse en deux dimensions :
$$ \displaystyle \frac{\left[ (x - x_0) \text{ cos }\theta + (y - y_0) \text{ sin }\theta \right]^2}{a^2} + \frac{\left[ -(X - x_0) \text{ sin }\theta + (Y - y_0) \text{ cos }\theta \right]^2}{b^2} = 1 $$Une autre façon de décrire l’ellipse mathématiquement est d’utiliser sa forme cartésienne :
$$ \displaystyle Ax^2 + Bxy + Cy^2 + Dx + Ey + F = 0 $$La conversion d’une formule à l’autre est possible :
$$ \begin{array}{cl} A & = & a^2\text{ sin}^2\ \theta + b^2\text{ cos}^2\ \theta \\ \\ B & = & 2\ (b^2 - a^2)\text{ sin }\theta\text{ cos }\theta \\ \\ C & = & a^2\text{ cos}^2\ \theta + b^2\text{ sin}^2\ \theta \\ \\ D & = & -2Ax_0 - By_0 \\ \\ E & = & -Bx_0 - 2Cy_0 \\ \\ F & = & Ax_0^2 + Bx_0y_0 + Cy_0^2 - a^2b^2 \\ \\ a, b & = & \displaystyle \frac {-\sqrt{2 \left( AE^2 + CD^2 - BDE + \left( B^2 - 4AC \right) F \right) \left( \left( A + C \right) ± \sqrt{\left( A - C \right)^2 + B^2 } \right)}}{B^2 - 4AC} \\ \\ x_0 & = & \displaystyle \frac{2CD - BE}{B^2 - 4AC} \\ \\ y_0 & = & \displaystyle \frac{2AE - BD}{B^2 - 4AC} \\ \\ \theta & = & \begin{cases} \begin{array}{ll} \displaystyle \text{arctan }\left( \frac{1}{B} \left( C- A - \sqrt{\left( A - C \right)^2 + B^2} \right) \right) & \text{for }B \neq 0 \\ 0 & \text{for }B = 0, A \lt C \\ 90° & \text{for }B = 0, A \gt C \\ \end{array} \end{cases} \end{array} $$Lorsque l’équation de l’ellipse est inconnue, il est possible de la trouver à partir d’au moins cinq points sur son périmètre ; bien qu’il soit alors possible de résoudre les cinq équations à cinq inconnues avec une matrice, M. Tatum présente « une meilleure façon ».
Appelons nos cinq points A, B, C, D, et E. Imaginons entre eux les segments imaginaires AB, dont l’équation sera α = 0 ; CD, d’équation β = 0 ; AC, d’équation γ = 0 ; et BD, d’équation δ = 0 (ignorons pour l’instant le point E). Avec αβ = 0 étant les segments AB et CD, et γδ = 0 étant les segments AC et BD, on a αβ + λγδ = 0, où λ est une constante arbitraire, pour définir toute section conique passant par A, B, C, et D. Ajouter E au groupe nous permet de « trouver la valeur de λ qui force cette équation à passer par chacun des cinq points ».
Imaginons les points A = (1, 8) ; B = (4, 9) ; C = (5, 2) ; D = (7, 6) ; et E = (8, 4). Trouver α implique donc de trouver la pente et l’origine de AB, et ainsi de suite. Nous avons donc $ \displaystyle \mathrm{_{slope}AB} = \frac {B_y - A_y} { B_x - A_x } = \frac {9 - 8} {4 - 1} = \frac {1}{3} $, alors $ \displaystyle y = \frac {x}{3} + d $. En insérant les valeurs ici, on a $ \displaystyle A_y = \frac {A_x}{3} + d \Rightarrow 8 = \frac {1}{3} + d \Rightarrow d = \frac {23}{3} $, d’où $ \displaystyle y = \frac {x}{3} + \frac {23}{3} = \frac {x + 23}{3} $, qui peut être réécrit en $ \displaystyle \alpha = x - 3 y + 23 = 0 $. De la même manière, on obtient pour les autres segments :
$$ \begin{array}{lr} \alpha = 0: & x - 3y + 23 = 0\\ \\ \beta = 0: & 2x - y - 8 = 0\\ \\ \gamma = 0: & 3x + 2y - 19 = 0\\ \\ \delta = 0: & x + y - 13 = 0 \end{array} $$On trouve ensuite les paires de lignes en multipliant deux équations ensemble. Par exemple :
$$ \alpha\beta = (x - 3y + 23) (2x - y - 8) = 0 \Rightarrow 2x^2 - 7xy + 3y^2 + 38x + y - 184 = 0 $$Alors :
$$ \begin{array}{lr} \alpha\beta = 0: & 2x^2 - 7xy + 3y^2 + 38x + y - 184 = 0\\ \\ \gamma\delta = 0: & 3x^2 + 5xy + 2y^2 - 58x - 45y + 247 = 0\\ \\ \alpha\beta + \lambda\gamma\delta = 0: & (2 + 3 \lambda)x^2 - (7 - 5 \lambda) xy + (3 + 2 \lambda) y^2 + (38 - 58 \lambda) x + (1 - 45 \lambda) y - 184 + 246 \lambda = 0 \end{array} $$On substitue ensuite les coordonnées de E à la place de x et y pour obtenir la valeur de λ :
$$ \begin{array}{rl} (2 + 3 \lambda) \cdot 8^2 - (7 - 5 \lambda) \cdot 8 \cdot 4 + (3 + 2 \lambda) \cdot 4^2 + (38 - 58 \lambda) \cdot 8 + (1 - 45 \lambda) \cdot 4 - 184 + 247 \lambda & = & 0\\ \\ \displaystyle \lambda & = & \frac {76}{13} \end{array} $$Et l’équation finale de l’ellipse, en ramenant λ dans notre équation, est :
$$ \displaystyle 508x^2 + 578xy + 382y^2 - 7827x - 6814y + 32760 = 0 $$Les paramètres de notre équation de forme $ Ax^2 + Bxy + Cy^2 + Dx + Ey + F = 0 $ sont donc:
$$ \begin{array}{cr} A & = & 508 \\ B & = & 578 \\ C & = & 382 \\ D & = & -7828 \\ E & = & -6814 \\ F & = & 32760 \end{array} $$Un test additionnel est ici requis pour savoir si la conique est un cercle, une ellipse, une parabole, ou une hyperbole, mais il ne sera pas habitellement nécessaire en astronomie, puisque les orbites sont généralement elliptiques.
On calcule maintenant les cofacteurs suivants :
$$ \begin{array}{ccr} \bar C & = & \displaystyle AC - \left( \frac{B}{2} \right)^2 & = & 110\,535 \\ \\ \bar D & = & \displaystyle \frac{DB}{4} - \frac{AE}{2} & = & 599\,610 \\ \\ \bar E & = & \displaystyle \frac{BE}{4} - \frac{CD}{2} & = & 510\,525 \\ \end{array} $$Le centre de l’ellipse est à $ \displaystyle \left( \frac {\bar E}{\bar C}, \frac {\bar D}{\bar C} \right) = \left( \frac {510\,525}{110\,535}, \frac {599\,610}{110\,535} \right) = \left( 4,61867, 5,42462 \right) $, et son grand axe est incliné d’un angle $ \displaystyle \text{tan }2\theta = \frac{B}{A - C} = \frac {578} {508 - 382} = \frac {578}{126} = 4,58730 \Rightarrow 2\theta = \text{atan } 4,58730 = 77,70231° \Rightarrow \theta = 38,85115° = 38°\ 51^′\ 4,15^″ $ à l’axe de y (ou 128° 51′ 4,15″ à l’axe des x).
Une autre façon, moins précise, est de dessiner les observations et de tracer l’ellipse la plus rapprochée, puis de mesurer sur le graphique ses grand et petit axes et leur inclinaison avec une règle et un rapporteur d’angles.
La pratique courante, avec les orbites, est de définir la position du corps principal comme étant (0, 0), avec le nord en haut est l’est correspondant à 90°.
Nous devons d’abord établir l’orbite apparente de l’astre. Ceci est fait en mesurant, à divers moments, sa séparation et son angle de position à partir du corps primaire. Dans le cas des planètes mineures et des autres astres du système solaire, il faut aussi comepnser pour le mouvement relatif du système et de la Terre autour du Soleil ; ce sera possiblement le sujet d’un article futur. Une fois l’équation de l’orbite apparente connue (par l’algorithme présenté ci-dessus), on peut calculer les éléments orbitaux.
Dans cet exemple, on suivra celui donné par M. Tatum dans la section 17.4 de ses notes (mais tout en utilisant la notation de Wikipedia) :
$$ \displaystyle 14x^2 - 23xy + 18y^2 - 3x - 31y - 100 = 0 $$Nous avons donc :
$$ \begin{array}{} A = 14\text{, }& B = -23\text{, }& C = 18\text{, }& D = -3\text{, }& E = -31\text{, }& F = -100 \end{array}$$Cela place le centre de l’ellipse à :
$$ \begin{array}{ccrcrcr} \bar C & = & \displaystyle 14 \cdot 18 - \left(\frac{-23}{2}\right)^2 & = & 252 - 132,25 & = & 119,75 \\ \\ \bar D & = & \displaystyle \frac{(-3)\cdot(-23)}{4} - \frac{14 \cdot (-31)}{2} & = & 17,25 - (-217) & = & 234,25 \\ \\ \bar E & = & \displaystyle \frac{(-23) \cdot (-31)}{4} - \frac{18 \cdot (-3)}{2} & = & 178,25 - (-27) & = & 205,25 \\ \\ x & = & & & \displaystyle \frac {205,25}{119,75} & = & 1,71399 \\ \\ y & = & & & \displaystyle \frac {234,25}{119,75} & = & 1,95616 \end{array} $$La pente du grand axe est de $ \displaystyle m = \frac {\bar D}{\bar E} = \frac {234,25}{205,25} = 1,14129 $ ; n’importe quel point sur l’axe majeur de l’ellipse apparente se trouve le long de la ligne $ \displaystyle y = 1,14129\ x $ (il n’y a pas de + d ici puisqu’elle passe par l’origine). L’ellipse apparente a deux points en commun avec l’ellipse réelle : les apsides (périastre et apoastre). Si on replace y dans la forme cartésienne de notre ellipse, on obtient les coordonnées de nos deux points, en solutionnant les deux équations suivantes:
$$ (A + Bm + Cm^2)\ x^2 + (D + Em)\ x + F = 0 $$et
$ (C + Bn + An^2)\ y^2 + (E + Dn)\ y + F = 0 $,
où $ \displaystyle n = \frac {1}{m} = 0,87620 $. Cela nous donne :
$$ \begin{array}{rcl} (14 + (-23) \cdot (1,14129) + 18 \cdot (1,14129)^2)\ x^2 + ((-3) + (-31) \cdot (1,14129))\ x + (-100) & = & 0 \\ \\ 11,19612\ x^2 + (-38,38002)\ x + (-100) & = & 0 \\ \\ x & = & 5,15919\text{ ou }-1,73121 \end{array}$$ $$ \begin{array}{rcl} (18 + (-23) \cdot (0,87620) + 14 \cdot (0,87620)^2)\ y^2 + ((-31) + (-3) \cdot (0,87620))\ y + (-100) & = & 0 \\ \\ 8,59557\ y^2 + (-33,62860)\ y + (-100) & = & 0 \\ \\ y & = & 5,88814\text{ ou }-1,97582 \end{array}$$« Si m est positif, la plus grande solution pour y correspond à la plus grande solution pour x ; si m est négatif, la plus grande solution pour y correspond à la plus petite solution pour x. »
Deux méthodes, non détaillées ici, existent pour déterminer le périastre et l’apoastre : soit en dessinant le graphique, ou en calculant la distance entre chacun de ces deux points et l’origine. Ici, on trouve le périastre à (-1,73121, -1,97582).
L’excentricité de l’orbite réelle est calculée à partir du ratio des distances foyer–centre (ou origine–centre) à périastre–centre (demi-grand axe). Cela nous donne :
$$ \displaystyle e = \frac { \sqrt { 1,71399^2 + 1,95616^2 }} { \sqrt { (1,71399 - (-1,73121))^2 + (1,95616 - (-1,97582))^2 }} = 0,49750 $$Nous devons maintenant calculer une ellipse auxilliaire. La première étape est de déterminer le facteur d’étirement $ \displaystyle k = \frac {1}{\sqrt{1 - e^2}} = \frac {1}{\sqrt{1 - 0,49750^2}} = 1,15279 $, puis la pente du latus rectum projeté — une corde perpendiculaire au grand axe et passant par le foyer — de l’orbite réelle $ \displaystyle m = \frac{-\frac{D}{2}}{\frac{E}{2}} = \frac{-\frac{-3}{2}}{\frac{-31}{2}} = -0,09677 $. Nous trouvons les deux points où le latus rectum croise l’ellipse apparente de la même façon qu’on a trouvé les apsides, mais avec la nouvelle valeur de m et $ \displaystyle n = \frac{1}{m} = -10,33333 $:
$$ \begin{array}{rcl} (14 + (-23) \cdot (-0,09677) + 18 \cdot (-0,09677)^2)\ x^2 + ((-3) + (-31) \cdot (-0,09677))\ x + (-100) & = & 0 \\ \\ 16,39438\ x^2 + (-100) & = & 0 \\ \\ x & = & 2,46975\text{ ou }-2,46975 \end{array}$$ $$ \begin{array}{rcl} (18 + (-23) \cdot (-10,33378) + 14 \cdot (-10,33378)^2)\ y^2 + ((-31) + (-3) \cdot (-10,33378))\ y + (-100) & = & 0 \\ \\ 1750,55556\ y^2 + (-100) & = & 0 \\ \\ y & = & 0,23901\text{ ou }-0,23901 \end{array}$$Encore une fois, « [s]i m est positif la plus grande solution de y correspond à la plus grande solution de x ; si m est négatif la plus grande solution de y correspond à la plus petite solution de x » ; on a donc M = (-2,46975, 0,23901) et N = (2,46975, -0,23901).
Nous devons aussi trouver au moins un des points de l’ellipse apparente où une ligne parallèle au latus rectum croise le centre de l’ellipse. Ceci requiert les équations suivantes :
$$ \begin{array}{rcl} (A + Bm + Cm^2)\ x^2 + (Bd + 2Cmd + D + Em)\ x + Cd^2 + Ed + F & = & 0 \\ \\ (C + Bn + An^2)\ y^2 + (Be + 2Ane + E + Dn)\ y + Ae^2 + De + F & = & 0 \end{array} $$où $ \displaystyle d = \bar y - m \bar x $ et $ \displaystyle e = \frac{-d}{m} $ (à ne pas confondre avec l’excentricité !), où (x̄, ȳ) sont les coordonnées du point central. On a donc :
$$ \begin{array}{rcl} d & = & 1,95616 - (-0,09677)(1,71399) & = & 2,12203 \\ \\ e & = & \displaystyle \frac{-2,12203}{-0,09677} & = & 21,92764 \\ \\ 16,39438\ x^2 + (-56,19957)\ x + (-84,72873) & = & 0 \\ \\ x & = & -1,13310 \text{ ou }4,56108 \\ \\ 1750,55556\ y^2 + (-6848,73393)\ y + 6565,71866 & = & 0 \\ \\ y & = & 1,68064 \text{ ou }2,23168 \end{array} $$Puisque, encore une fois, « [s]i m est positif la plus grande solution pour y correspond à la plus grande solution pour x ; si m est négatif la plus grande solution pour y correspond à la plus petite solution pour x », nous avons donc K = (-1,13310, 2,23168).
Les points de l’ellipse auxilliaire sont trouvé en multipliant la longueur des segments MF, FN, et KC (centre) par k pour obtenir les points et segments M′F, FN′, et K′C. Pour M′F et FN′, ceci est facile, puisque MF (donc M′N′) passe par l’origine, alors nous avons $ M^′(x\text{, }y) = M(x \cdot k\text{, }y \cdot k) = (-2,84710, 0,27552) $ et $ N^′(x\text{, }y) = N(x \cdot k\text{, }y \cdot k) = (2,84710, -0,27552) $. Pour K′, nous replaçons x et y par x̄ + k(x - x̄) et ȳ + k(y - ȳ), alors nous obtenons $ x = 1,71399 + 1,15279\ ((-1,13310) - 1,71399) = -1,56810 $ et $ y = 1,95616 + 1,15279\ (2,23168 - 1,95616) = 2,27378 $.
Nous avons donc cinq points sur l’ellipse auxilliaire, ce qui signifie qu’on peut trouver sa forme cartésienne selon la procédure de la section précédente.
$$ \begin{array}{rcl} A & = & (+5,15919, +5,88814) \\ P & = & (-1,73121, -1,97582) \\ M^\prime & = & (-2,84709, +0,27552) \\ N^\prime & = & (+2,84709, -0,27552) \\ K^\prime & = & (-1,56810, +2,27378) \\ \end{array} $$ $$ 10,5518\ x^2 - 16,9575\ xy + 15,3528\ y^2 - 3\ x - 31\ y - 100 = 0 $$ $$ \begin{array}{rcccccl} \text{tan }2\theta & = & \displaystyle \frac{B}{A-C} & = & \displaystyle \frac{-16,9575}{10,5518 - 15,3528} & = & 3,53208 \\ \\ & & \theta & = & 37,09607 \\ \\ & & m & = & \text{tan }\theta & = & 0,75619 \\ \\ & & n & = & \displaystyle \frac{1}{m} & = & 1,32243 \end{array}$$Le demi-grand axe de l’ellipse auxiliaire est son seul axe qui ne soit pas rétréci par la perspective. Sa longueur est égale au demi-grand axe de l’orbite réelle :
$$ \begin{array}{rcl} a & = & \frac {-\sqrt{2 \left( AE^2 + CD^2 - BDE + \left( B^2 - 4AC \right) F \right) \left( \left( A + C \right) + \sqrt{\left( A - C \right)^2 + B^2 } \right)}}{B^2 - 4AC} \\ \\ & = & 5,66544 \end{array} $$Puisque les observations se mesurent généralement en secondes d’arc, cette réponse est aussi en secondes d’arc. Nous devons connaître la distance à l’objet pour connaître la valeur en unité de distance physique.
L’inclinaison de l’orbite réelle sur le plan de ciel est calculée avec :
$$ \begin{array}{rcl} i & = & \displaystyle \text{acos } \frac {b}{a} \\ & = & \displaystyle \text{acos } \frac {2,47102}{5,66544} \\ & = & 64,14108° \end{array}$$La longitude du nœud est calculée avec:
$$ \begin{array}{rcl} \Omega & = & \text{arctan }m \\ & = & 37,09607° \end{array}$$de l’axe des x ou 127,09607° de l’axe des y (l’angle de position utilisé en astronomie). En termes mathématiques stricts, il est impossible de savoir quel nœud est lequel, ascendant ou descendant, mais des données d’observation pourraient permettre de déterminer cela, que ce soit en traçant l’orbite et en vérifiant la direction du mouvement, ou en utilisant des vitesses radiales mesurées par spectroscopie.
Enfin, on connaît la position du nœud et celle du périastre, mais la longitude de ce dernier n’est pas l’angle apparent entre les deux, puisque celui-ci est distordu par la perspective. Appelons plutôt cet angle λ. On peut le mesurer sur un graphique, ou le calculer. Considérons toutefois en premier l’angle θ:
$$ \begin{array}{rcl} \theta & = & \displaystyle \text{atan2 } \frac {\bar y}{\bar x} \\ & = & \displaystyle \text{atan } \frac {1,95616}{1,71399} \\ & = & \text{atan } 1,14129 \\ & = & 48,77511° & \text{ou} & 228,77511° \end{array} $$Décider quelle valeur est bonne est fait en regardant le signe de $ P_x $ : s’il est négatif, alors le deuxième angle est bon — regarder le graphique nous donnerait aussi la réponse. L’angle λ est maintenant obtenu en soustrayant les plus petites valeurs de θ et de Ω (celle mesurée depuis l’angle des x) :
$$ \begin{array}{rcl} \lambda & = & \theta - \Omega \\ & = & 48,77511° - 37,09607° \\ & = & 11,67904° \end{array} $$Le casse-tête est presque complet, avec l’argument du périastre, calculé par :
$$ \begin{array}{rcl} \text{tan } \omega & = & \text{tan } \lambda \text{ sec } i \\ \text{tan } \omega & = & \text{tan } 11,67904 \text{ sec } 64,14108 \\ \text{tan } \omega & = & 0,47393 \\ \omega & = & 25,35776° \end{array} $$La dernière information ne peut être trouvée par les mathématiques seules, mais plutôt par l’observation : nous devons déterminer la période orbitale P et le moment du passage au périastre Tₚ.
Éléments orbitaux de Iapetus | ||
---|---|---|
Demi-grand axe | a | 3564524,725648914 km |
Excentricité | e | 0,02908967274787569 |
Nœud ascendant | Ω | 253,4568570764956° |
Périchrone | ω | 349,4625601591317° |
Inclinaison | i | 15,75897128219843° |
Anomalie moyenne | M | 3,149688132606785° |
Anomalie vraie | ν | 3,339731721713938° |
Période | P | 6865675,917013768 seconds |
Mouvement moyen | n | 0,00005243474995781366°/d |
Moment du périchrone | Tₚ | 2459273,804760225117 |
Époque | 2459274,5 TDB (2021‑03‑01 00:00:00 TDB) |
Bien qu’il soit facile de trouver la position d’un corps céleste à partir de ses éléments orbitaux, l’auteur du présent document voulait une façon rapide et efficace de dessiner l’ellipse de l’orbite apparente avec un logiciel de graphisme tel qu’Adobe Illustrator ou en le codant en SVG brut. La solution la plus facile trouvée a été de déterminer cinq positions aléatoires de l’astre à partir de ses éléments orbitaux, puis d’utiliser la méthode mentionnée ci-dessus pour trouver l’équation cartésienne de l’ellipse à partir de ces cinq points. Pour cet exemple, j’utiliserai les éléments orbitaux de Iapetus, un satellite de Saturne possédant une forte inclinaison (voir tableau à droite). Ces éléments, pris de la Web‑Interface HORIZONS du JPL, sont relatifs à l’équateur et au nœud de Saturne pour la date de leur époque. (À noter qu’ils diffèrent de ceux trouvés, par exemple, sur Wikipédia, puisque ces derniers sont pour J2000,0, tandis que les éléments obtenus de JPL Horizons sont pour le 1er mars 2021.)
Les cinq points peuvent être déterminés au hasard, mais j’ai choisi les apsides, les nœuds, et la position de l’objet à l’époque. D’une façon ou d’une autre, on obtient les points A, B, C, D, et E, et on peut déterminer l’ellipse réelle à partir de ceux-ci. La procédure ici est utilisable pour n’importe quelle ellipse vue de n’importe quelle position et est la même qu’utilisée dans le diagramme interactif ci-dessus. Toutefois, je ne discute pas ici de la détermination de l’angle de vision, tâche qui reviendra à la personne lisant ces lignes.
Au périchrone (oui, c’est bien le mot pour « le point de l’orbite le plus près de Saturne » ; on trouve aussi « péricrone » sans « h »), l’anomalie vraie ν = 0°. À l’apochrone, ν = 180°. Aux nœuds ascendant et descendant, on a ν = (−ω) et ν = (−ω) + 180°, respectivement. Enfin, utilisons une valeur différente pour ν que celle dans le tableau, puisqu’elle est très proche de zéro et qu’on veut un résultat précis. Prenons plutôt ν = 45°. D’ici, et pour chacun de ces cinq points, on calcule ce qui suit:
$$ \begin{array}{l|r} & \text{Périchrone} & \text{Apochrone} & \text{Nœud asc.} & \text{Nœud desc.} & \nu = 45° \\ \hline u = \omega + \nu & 349,463 & 169,463 & 0 & 180 & 34,463 \\ x = r\ (\text{cos }\Omega\text{ cos }u - \text{sin }\Omega\text{ sin }u\text{ cos }i ) & -1552716,430 & 1645759,034 & -985898,280 & 1043950,104 & 1002563,872 \\ y = r\ (\text{sin }\Omega\text{ cos }u + \text{cos }\Omega\text{ sin }u\text{ cos }i ) & -3088186,458 & 3273238,220 & -3319157,020 & 3514596,166 & -3299306,003 \\ z = r\text{ sin }i\text{ sin }u & -171892,848 & 182193,092 & 0 & 0 & 536317,311 \end{array} $$Où r est le rayon vecteur de l’objet — sa distance au corps principal — et peut être calculé par :
$$ \displaystyle r = \frac {a\ (1 - e^2)}{1 + e \text{ cos }\nu} $$Chaque valeur $ (x, y, z) $ (mesurée avec les mêmes unités que a et r) doit maintenant être multipliée par chacune des trois matrices suivantes, séquentiellement:
$$ \begin{vmatrix} \text{cos }\gamma & \text{sin }\gamma & 0 \\ -\text{sin }\gamma & \text{cos }\gamma & 0 \\ 0 & 0 & 1 \end{vmatrix} $$où $ \gamma $ est l’angle de roulis, c’est-à-dire l’angle « gauche-droite » entre le point de référence et l’observateur. Il correspond à la longitude de l’observateur mesurée dans le même cadre de référence que les éléments orbitaux.
$$ \begin{vmatrix} 1 & 0 & 0 \\ 0 & \text{cos }\beta & \text{sin }\beta \\ 0 & -\text{sin }\beta & \text{cos }\beta \end{vmatrix} $$où $ \beta $ est l’angle de tangage, c’est-à-dire l’angle « haut-bas » entre le point de référence et l’observateur. Il correspond à la latitude de l’observateur mesurée dans le même cadre de référence que les éléments orbitaux.
$$ \begin{vmatrix} \text{cos }\alpha & 0 & \text{sin }\alpha \\ 0 & 1 & 0 \\ -\text{sin }\alpha & 0 & \text{cos }\alpha \end{vmatrix} $$où $ \alpha $ est l’angle de lacet, c’est-à-dire l’inclinaison apparente de l’axe des z du point de vue de l’observateur. Il correspond à l’angle de position centrée sur l’observateur (géocentrique) du pôle nord du corps principal, quand le cadre de référence est l’équateur du corps principal, comme dans notre exemple.
En guise de rappel, la procédure pour multiplier une matrice de 1 × 3 (les coordonnées) par une matrice de 3 × 3 (celle de transformation) est la suivante:
$$ (x, y, z) \begin{vmatrix}a & b & c \\ d & e & f \\ g & h & i \end{vmatrix} = (ax + by + cz, dx + ey + fz, gx + hy + iz) $$(D’utiliser trois matrices successives permet d’éviter les longues équations compliquées. Par exemple, après la première matrice seulement, x est remplacé par $ x \text{ cos }\gamma + y\ (-\text{sin }\gamma) $.)
Après les transformations à partir des valeurs $ \beta = 71,47459, \alpha = 92,32287 $ (respectivement, 90° moins la déclinaison saturnicentrique de la Terre et 90° plus l’ascension droite saturnicentrique de la Terre, nous avons les valeurs suivantes:
$$ \begin{array}{l|r} & \text{Périchrone} & \text{Apochrone} & \text{Nœud asc.} & \text{Nœud desc.} & \nu = 45° \\ \hline x & −3022716,461 & −3276470,681 & −3337229,418 & 3203845,1 & 3469396,362 \\ y & 369714,338 & 355730,0725 & 232735,8188 & −391868,5345 & −376676,2287 \\ z & −1644344,113 & −1061600,085 & 993440,7518 & 1742877,275 & 1124109,394 \end{array} $$Les valeurs en z ne nous seront pas utiles pour l’instant, mais peuvent être utilisées après que la procédure soit complétée pour connaître lequel des deux nœuds est l’ascendant et lequel est le descendant. Avec les valeurs (x, y) pour trouver l’équation cartésienne de l’ellipse apparente (procédure non détaillée ici), nous avons :
$$ 0,008473082\ x^2 + 0,127903821\ xy + 0,726626093\ y^2 + (−117,9145641)\ x + 4514,294782\ y + (−35826127649) = 0 $$Avec son centre à (90564,31908, −11077,09827) et un angle d’inclinaison $ \theta = 84,95072355° $ à partir de l’axe des y. Nous avons aussi vu comment trouver ses dimensions, soit (432437,7422, 3563145,572). À la distance de Saturne, qui était alors de 1 616 001 830,5 km, on peut trouver les distances angulaires:
$$ \displaystyle \delta = 2\text{ arctan } \frac{dim}{2\times Dist} $$pour obtenir une ellipse apparente de 0,126369013 × 0,007845615° centrée à (0,003210982, −0,000392741°) par rapport à Saturne. Ceci est illustré à droite. À noter que la taille angulaire de Saturne à ce moment était de 15,38509″. La taille respective de l’ellipse orbitale et celle de Saturne (anneaux non illustrés) sont proportionnelles.
Note : Je n’ai pas essayé ici de corriger pour l’inclinaison relative de la Terre par rapport à Saturne, alors l’orientation de l’image ne correspond pas à celle qu’on aurait, par exemple, au télescope sur une monture équatoriale. Je considère cela comme non essentiel ici, puisque l’orientation à l’oculaire ou à l’appareil de capture d’image dépend de l’orientation de ceux-ci et du tube, etc.
Le système des jours juliens est utilisé pr les astronomes pour mesurer le temps d’une façon indépendante de l’endroit et de la culture. Son unité est le jour, et son ère (point de départ) est le 1er janvier 4713 AÈC (−4712) du calendrier proleptique julien. Ce système a été créé par Joseph Scaliger en 1583 et est basé sur le cycle solaire du calendrier (28 ans), le cycle lunaire (19 ans), et le cycle d’indiction (15 ans). Le jour julien est présentement .
Pour les dates du calendrier grégorien (utilisé par la plupart des pays du monde), le jour julien peut être calculé par la formule :
$$ \displaystyle JD = \frac{ 1461 \times \left( Y + 4800 + \frac { \left( M - 14 \right) } { 12 } \right) } { 4 } + \frac { 367 \times \left( M - 2 - 12 \times \frac {M - 14}{12} \right) } { 12 } - \frac { 3 \times \frac { Y + 4900 + \frac { M - 14 } { 12 } } { 100 } } { 4 } + D - 32075 $$Meeus offre plutôt l’algorithme suivant, valide pour n’importe quelle date de n’importe quel calendrier (julien ou grégorien) :
Soit Y l’année, M le numéro du mois (1 pour janvier, 2 pour février, etc., jusqu’à 12 pour décembre), et D le jour du mois (avec décimales, au besoin) de la date choisie dans le calendrier.
Certains logiciels informatiques ont des fonctions intégrées ou additionnelles pour calculer le jour julien : dans PHP, on peut utiliser la fonction gregoriantojd (int $month, int $day, int $year)
; dans JavaScript, le paquet julian
dans NPM peut être utilisé ; dans SQLite, il y a la fonction intégrée julianday()
; etc.